lundi 15 avril 2013

Le mythe de Nana


Cette histoire a été publiée dans XYZ, la revue de la nouvelle, dans le numéro 92, à l'hiver 2007. À ce jour, c'est la seule que j'ai publié. 

Une terrible envie d'uriner lui titille la vessie cruellement et il ne peut s'empêcher de trouver ironique que l'endroit où il a décidé de se poster est celui-là même que les gens choisissent pour aller faire leurs besoins primaires. Il n'aurait que deux ou trois pas à faire et il serait exactement là où il faut être pour
vider son ventre en toute intimité. Mais il ne veut pas la rater. Il ne se le pardonnerait pas. Juste être ici lui demande tant d'efforts, tant de volonté pour ne pas fuir comme un lâche, pour ne pas abandonner à la dernière seconde, car il a trop peur de son regard, de cette façon qu'elle a de le toiser comme si elle le méprisait... Mais il a tout prévu. Ça va bien se passer. Il en est certain. Au départ, il va lui sourire. Puis elle va être surprise de le trouver là, mais elle va être contente (oui, oui, elle sera heureuse) et puis elle va s'arrêter pas trop longtemps, car elle est pressée (elle n'a jamais beaucoup de temps quand il la croise, elle doit toujours se dépêcher) et ensuite... Il lui dira.

Il est 17 h 30 : elle vient de finir sa journée de travail. Il sait qu'elle ne sortira pas avant 17 h 45 ; elle va toujours aux toilettes avant de partir, elle ramasse ses choses et elle discute avec ses collègues. Ensuite elle va sur la rue De Lorimier (elle pourrait choisir une autre rue, mais elle prend toujours la même) et elle attend l'autobus afin d'arriver chez elle plus rapidement. C'est dans ce véhicule qu'il a fait sa rencontre. Le 15 mars 2001.

À l'arrêt, ce jour-là, elle l'avait regardé avec ses beaux yeux verts.
Puis elle lui avait souri. Gêné, ne sachant comment réagir, il avait regardé ses souliers, comme un con. Puis elle l'avait salué de la main. C'est à ce moment précis qu'il avait compris qu'il était en présence de l'amour de sa vie. Cette femme qui l'accostait ainsi sans raison... Ce ne pouvait être qu'un signe. Elle s'était approchée et son regard fut troublé : il se dit qu'elle était probablement elle aussi frappée par un coup de foudre aussi fulgurant qu'intense. Mais en s'avançant elle ne le regardait plus de la même façon et arrivée prèsde lui, elle laissa échapper un « Désolée, monsieur. Je vous ai pris pour quelqu'un d'autre. » Et elle lui sourit encore, avant de se tourner pour attendre l'autobus. Dans le véhicule, il s'était assis près d'elle. Il avait ainsi pu humer son parfum et l'observer en douce. Elle était belle.


Le lendemain, il avait pris l'autobus avec elle à la même heure. Il chercha son regard, mais il ne vint pas. Elle gardait les yeux rivés sur son livre, un vieux bouquin au titre indéchiffrable. Par la suite, il eut toujours un roman avec lui qu'il faisait semblant de lire quand il était près d'elle. Il voulait tellement qu'elle le regarde encore ! Qu'elle lui sourie, lui parle, soit gentille avec lui... Mais elle ne fit
rien.

Cette nuit-là, il se réveilla en sueur dans son lit. Son sous-vêtement trempé lui semblant terriblement humiliant, il se leva, se changea et, tenant l'accusé à bout de bras, sortit de sa chambre sans faire de bruit. Heureusement c'était l'été et dehors il faisait assez chaud pour qu'un homme sorte de chez lui à moitié nu sans que cela alerte les voisins qui de toute façon dormaient à cette heure. Il jeta son caleçon dans le foyer qui égayait parfois leurs soirées estivales et craqua une allumette. En regardant la source de sa honte brûler, il eut une révélation. Le jour où il perdra son pucelage devra être en
même temps le dernier de sa vie. Il se suicidera après l'acte sexuel. Cet objectif le combla, ce fut comme s'il venait de donner un sens à sa misérable vie, lui qui tremblait encore en songeant au cauchemar qu'il venait de faire dans lequel il faisait l'amour à cette femme et où elle hurlait de jouissance. Car il savait trop bien en vérité que quand ce moment arrivera elle ne hurlera pas de plaisir, mais bien de rire en apprenant qu'à trente ans, il est encore puceau. Et il n'avait jamais pu supporter les humiliations. Celle-ci serait de trop, s'ajoutant à celle qu'il avait encore vécue aujourd'hui. Il lui semblait évident que si elle ne s'intéressait pas à lui, c'était à cause de cela ;
cette façon qu'il avait de reluquer les femmes, comme un pervers, comme s'il n'en voyait jamais ! Mais ce n'est pas de sa faute : les femmes l'horrifient et le captivent à la fois.

La lame de son couteau de combat lui chatouilla la cuisse ; il le déplaça. Ce souvenir de son père était son porte-bonheur, il le traînait toujours sur lui comme pour se rappeler qui il est. Ce qu'il est. On ne sait jamais quand ça peut arriver. Vaut mieux être prêt à
toute éventualité.

Deux semaines après leur rencontre fortuite, il savait tout d'elle. Il connaissait le nom de son parfum (il en avait acheté une bouteille qu'il reniflait à l'occasion sans que l'effet escompté se produise : il ne
possédait qu'une des composantes de l'odeur aimée, il lui manquait le grain de sa peau pour que le mélange soit parfait), la marque de son shampoing, l'étendue de sa garde-robe, l'endroit où elle  travaillait et où elle habitait (il l'avait suivie jusque-là), ce qu'elle aimait lire, ce qu'elle mangeait au dîner, mais il lui manquait l'essentiel : il ne connaissait pas son nom. Il n'osait le lui demander. Dans ses fantasmes il l'appelait Nadine. Ou Nana.

Le troisième jour de la troisième semaine (la date avait son importance particulière), il osa lui parler. Au début elle feignit de ne pas le reconnaître, puis elle lui sourit. Elle répondit à ses banalités, puis l'autobus arriva. Elle alla s'asseoir au fond du véhicule, placée entre trois ou quatre autres personnes, ce qui eut pour conséquence qu'il ne put plus l'approcher. Pendant le trajet elle regarda dehors alors que lui la fixait, admirant le reflet de soleil qui donnait à sa chevelure des tons d'ambre, il n'avait jamais remarqué. Quand elle passa près de lui pour sortir il lui dit « Au revoir ! » et elle lui fit un
sourire discret. En fouillant dans ses poubelles quelques jours plus tard, il s'aperçut qu'elle se teignait les cheveux elle-même. Il se demanda à qui elle désirait ainsi plaire. Il osa croire : lui.

Le lendemain, il l'invita à sortir; elle déclina l'invitation, mais lui sourit.

Le quatrième jour de la quatrième semaine (il n'oubliait pas que le troisième jour de la troisième semaine elle lui avait souri et parlé), il lui demanda encore une fois si elle ne voulait pas sortir, aller au
restaurant, au cinéma. Elle refusa encore une fois et il lui demanda pourquoi elle ne désirait pas le connaître... Elle lui fit ce si joli sourire qui ne se voulait que poli, mais qui lui semblait si charmeur,
et elle affirma avoir un amoureux et que ce dernier n'aimerait pas qu'elle sorte avec quelqu'un d'autre, même si ce n'était que pour faire connaissance. Il lui rétorqua qu'elle n'avait qu'à ne pas lui en  parler. Pour toute réponse, il n'obtint qu'un sourire et un regard distant qu'il ne pourrait jamais rejoindre. Il prit cela comme un défi.

C'est le 18 avril 2001 qu'il put la voir dans un autre contexte que celui de leurs rencontres à l'arrêt d'autobus. Il marchait alors dans la rue avec un de ses amis et ils la virent. Son compagnon continua de parler, insensible à son désarroi. Il ne pouvait quitter des yeux cette femme qui hantait ses jours et ses nuits et qui s'avançait vers eux. Elle les regarda en passant, s'attardant particulièrement sur cet homme qu'elle savait connaître, mais dont elle ne retrouvait pas la trace dans ses souvenirs. Et à la dernière seconde, elle parut se rappeler et lui sourit poliment. Ce soir-là, lui et son ami devaient aller au cinéma, mais il dut prétexter une excuse de dernière minute, sachant qu'il ne serait pas capable de se concentrer sur un film après l'émoi qu'il venait de subir. Il rentra donc chez lui et passa la soirée à réfléchir, sans réaliser que, parfois, trop spéculer à propos d'événements dont nous ne connaissons qu'une partie des éléments amène à considérer des hypothèses comme étant vraies, bien qu'il n'en soit rien. Au moment de se mettre au lit, il était donc persuadé que cette femme était amoureuse de lui et que sa présence dans la rue quand précisément lui et son ami passaient n'avait pas été fortuite. Il n'y a pas de hasard. Il ne doit pas y en avoir.

Le troisième jour de la cinquième semaine (il avait compris qu'il devait déjouer le destin, changer sa routine ; c'est ce que cette rencontre imprévue lui avait démontré), il lui parla encore. Il débita  quelques banalités, puis lui demanda si elle était revenue sur sa décision et si elle désirait sortir avec lui. Elle le fixa droit dans les yeux et dit, doucement : « Non. » Il bégaya en demandant pourquoi
elle n'aspirait pas à faire sa connaissance et elle répondit : «Je vous l'ai dit, l'autre jour ! De toute façon, nous n'aurions pas les mêmes attentes, dans cette rencontre... » Il lui demanda ce qu'elle entendait par là et elle lui fit un léger sourire avant d'entrer dans l'autobus qui arrivait et d'y disparaître; lui, il n'avait rien de prévu cette journée-là. Il n'était venu que pour la voir.

Aujourd'hui, quatrième jour de la sixième semaine, il est prêt à l'attendre caché dans sa ruelle crasseuse, une dernière fois. Il va lui  demander si elle veut sortir. Si elle veut qu'il la raccompagne. Si elle est revenue sur sa décision. Si elle veut seulement savoir qui est cet homme qui l'aime comme un forcené, de cette façon que les hommes ont de chérir leurs divinités qu'ils érigent en mythes pour
les rendre encore plus inaccessibles. S'il peut l'aimer et mourir.

Mais surtout, aujourd'hui, il va lui faire l'amour. Tout doucement. Comme ça doit être.

Lire sauve des vies

Sur le boulevard René-Lévesque, à Québec, un libraire inspiré a installé un panneau publicitaire pour le moins surprenant devant sa boutique. On y lit :«Lire fait pousser les cheveux». C'est d'ailleurs pour cela que j'ai les cheveux longs.

J'aimerais présenter ici des livres qui ont changés ma vie. Il s'agit rarement de grand changement; bon, il est vrai que j'ai voulu devenir un homme et revenir dans le temps, directement dans les années 1950 après ma lecture de Sur la route de Jack Kerouac...C’est que souvent notre vie change sans que l'on ne s'en aperçoive. C'est après, quand la même situation se reproduit et qu'on ne réagit pas de la même façon, qu'on réalise qu'il y a eu un changement. On a grandit, on a évolué, on a appris.

J'aime lire. J'ai appris à marcher avec un livre dans la main (je me tenais au livre). Quand je ne sais plus quoi lire, je deviens angoissée. J'ai toujours un livre avec moi, dans mon sac. Même si je sais que je ne lirais pas. Ça m'en prend un. Je fantasme sur les bibliothèques, celles en bois qui sentent la poussière et qui contiennent plus de livres que j'en lirais dans ma vie. Quand je vais chez quelqu'un, je ne fouille pas dans la salle de bain: je regarde sa bibliothèque. Et je juge, un peu. J'ai déjà perdu tout respect envers une amie, car elle achetait des livres, mais ne les lisait pas. Ce n'était pour elle qu'un élément de décor. Je l'avoue, notre amitié ne tenait plus à grand-chose, à ce moment. Elle a fini dret là.

Petite, j'allais à la bibliothèque de mon quartier prendre des livres et je CAPOTAIS: tous ces livres sont à moi? Pour 3 semaines? Quelle invention géniale! Fabuleuse! Je voulais devenir bibliothécaire: pour moi, c'était le plus beau métier du monde. Le père Noël pouvait bien aller se perdre dans les  îles Mouc-Mouc, pour se que j'en avais à faire. J'ai travaillé dans des librairies: j'en garde de beaux souvenirs. Quand je parle d'un livre que j'ai aimé, je me mets à pleurer. Et je n'entre que rarement dans une librairie, car il m'est difficile d'en ressortir les mains vides. Je suis comme Angelina Jolie quand elle entre dans un orphelinat: je voudrais tous les adoptés.

Je parle peu de moi: je parle des livres que j'ai lus. Je les regarde avec tendresse et un de mes petits plaisir est de faire le ménage de ma bibliothèque. Je les range, je les sens, je me souviens, je promets: oui je te lirais un jour! Mauvaise mère, je ne tiens pas toujours mes promesses.

Voici donc une petite liste: elle n'est pas complète, j'ajouterais des choses au fil de mes lectures. Mais elle présente mes coups de cœur, par catégories; j’y ajoute aussi un petit résumé de mon cru.

-Le livre qui m'a redonné le goût de lire: Les trois mousquetaires, Alexandre Dumas.

Suite à mon DEC en Littérature, je n'avais plus le goût de lire. Les lectures "obligées" du programme m’avaient écœurées, découragées. Nous devions lire un livre par semaine et bien qu'il m'arrive de le faire, j'aime prendre mon temps et lire quand j'en ai le goût. Lire était alors une corvée, une obligation. Ajoutez à cela quelques problèmes personnels et vous avez une fille qui ne veut plus rien savoir. Après mon DEC, donc, je ne voulais plus lire. Tous les livres que je touchais me répugnaient. Je voulais lire des "classiques", du Zola, du Proust, du Camus, du Stendhal, du Gide ...Des livres que je «me devais» avoir lu. Mais je n'en avais pas le goût. Je voulais être emportée, être divertie...Mon ex-copain m'a alors suggéré la lecture de ce livre. "Tu es drôle, lui ais-je dis, c'est un livre pour enfant...et j'ai vu le film, alors...". "Détrompes-toi! M’at-il répondu, le film est médiocre et ce n'est pas pour enfant! C'est le meilleur livre que j'ai lu dans ma vie. Essais-le, tu vas voir." J'ai essayé. Et j'ai poursuivi avec 20 ans après, la suite. J'avais repris goût à la lecture. Depuis, je voue un culte à Alexandre Dumas. Je l'aime d'amour. Je n'ai pas lu toutes ces œuvres (voir: auteur que j'ai trop lu) et je n'ai pas encore lu Proust. Mais je relus ce livre plusieurs fois… Parfois j’en lis des extraits, au hasard. Pour le plaisir.

L'histoire est simple: d'Artagnan, fils de Gasconne, fier pète et plein d'hormones, par à Paris pour devenir mousquetaire du roi. Dans sa poche, une lettre destinée à monsieur de Treville, capitaine des mousquetaires. La lettre a été écrite par son père et on sent que d'Artagnan y tiens. Or, suite à un quiproquo avec un balafré, il se fait voler sa précieuse lettre. Dans son excitation (ai-je mentionné qu'il était Gascon et plein d'hormone?) il se mettra à dos 3 mousquetaires du roi (Athos, Portos et Aramis) avec lesquels il devra combattre en duel. Bien entendu, les choses ne se passeront pas comme prévu et nos quatre comparses deviendront les meilleurs amis du monde. Ajoutez à cela des complots, des bijoux, une vamp tatouée d'une fleur de lys et vous avez une histoire intemporelle et merveilleuse.

-Le livre qui m'a fait voyager: Hypothermie, d'Arnaldur Indridasson

Beaucoup de livres m'ont fait voyager. C'est là le plaisir de lire. Ce livre se déroule en Islande, pays que je rêve de visiter, mais où je n'irais surement jamais: c'est bien trop cher pour mes moyens et j'aime trop dépenser mon argent pour des choses futiles. Sa description des landes islandaises, des lacs et des lieux m’a transporté. J'ai aussi lu La voix, mais ce n'était pas aussi bon. Visiter l'Islande pour presque rien (quand on prend le livre à la bibliothèque) = je me sens riche.

L'inspecteur Erlendur, toujours à la recherche de son frère perdu, enquête sur le suicide d'une femme sans histoire; la meilleure amie de la défunte est persuadée qu'elle ne s'est pas suicidée. Ou, à tout le moins, on l'a aidé. Comment? Et  surtout, pourquoi? Un excellent polar, sombre et beau, aussi cruel que la nature sauvage de l'Islande.

-Le livre que j'ai honte d'aimé: La fille de papier, Guillaume Musso

Je n'ai pas tout lu Musso: je m'en garde un peu. Quand j'étais libraire, je levais le nez sur cet auteur, que je croyais n'être qu'un clone de Marc Lévy. Grosse erreur. J'ai adoré le côté surnaturel qui se dégage du livre et l'explication tout rationnelle qui explique le tout...J'ai aimé le côté sucré, le romantisme, la jolie finale...Mon genre de rêverie. Une fille qui tombe d'un livre! Le fait qu'on me l’a offert ajoute au charme.

Tom Boyd est écrivant. Sa série de roman, la triologie des anges, se vend partout dans le monde et lui vaux d'être riche à craquer. Pourtant, il n'est pas heureux et suite à une peine d’amour, n’est plus capable d’écrire. C'est alors que Billie, l'héroïne de son roman, tombera littéralement de son livre innachevé…

-Le livre qui m'a donné envie d'aimer un Faune: Le dieu dans l'ombre de Megan Lindholm

Je ne reviendrais pas sur ce livre, car j'en ai fais la critique ici , mais ce livre m'a transporté. Le plus beau, c'est que je l'ai offert à une amie et elle l'a aimé. Rien ne me fait plus plaisir de que partager les livres que j'ai aimé. C'est comme de dire "je t'aime" aux gens, sans le côté parfois awkward de la chose.

-Les livre que j'ai détesté: Pig Island, de Mo Hayder et Les guerriers de la nuit, de Graham Masterton

Un doublé! En plus, les deux ont le même genre de finale. Une finale qui fait pouet. J'ai pardonné plus facilement à Mo Hayder qu'à Graham Masterton. Sacré Graham! Ça doit bien faire 15 ans que j'ai lu ton livre et je t'en veux encore.

Pig Island, donc, est l'histoire d'une île perdue, près de l'Écosse, que les gens du coin croient habitée par un démon. Un journaliste ira pour en avoir le cœur net. La fin est horrible. Je l'ai jeté dans le mur de toutes mes forces quand je l'ai fini. Et ce n’est pas horrible dans le sens «horrifiant» : c’est horrible car je me suis accroché malgré l’histoire sans queue ni tête et tout ça pour une fin mauvaise et maladroite. En fait, l'île est habitée par une secte, dirigé par un charlatan. Ce charlatan a une fille dont le jumeau ne s'est jamais développé: résultat, elle a une jambe qui lui sort du dos, faisant comme une queue. Du gros n'importe quoi.

Les guerriers de la nuit: ah! Graham Masterton. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Graham fait dans les 3 S : seins, sang, sexe. Il aime ça le gore, Graham. Adolescente, pleine d'hormones (mais je ne viens pas de Gasconne), j'aimais aussi le gore. Les romans de Graham étaient remplis de scènes d'une violence que je n'ai jamais revue ailleurs et de scènes de parties de fesses avec des femmes aux grosses boules. Systématiquement. Allez savoir pourquoi je ca-po-tais sur lui. Sa série des Guerriers de la nuit me rendait folle: des hommes (et des femmes), handicapés suite à un accident (mais sans lien entres eux) combattent des créatures maléfiques dans les rêves des gens. J'avais lu les deux premiers et n'ayant pas d'argent, j'attendais que le 3e soit libre à la bibliothèque pour le lire. 1 an que ça pris. Une longue année avant de l'avoir dans mes mains. Je commence ma lecture et je capote: des supers-méchant, du sang qui coule par terre tellement il y en a, du bonbon. Mais tout se gâche à la fin...Et l'idylle entre moi et Graham pris fin. Parfois j'ai le goût de relire un de ces romans que j'ai aimé...Mais je le hais trop pour cela. Pensez-y: un an à attendre la finale d'un livre qu'on a aimé. 1 an et une final qui fait pouet. Va chier Graham.

-L'auteur que j'ai trop lu: Henning Mankell.

J'avais le goût de lire du Mankell: j'avais vu la couverture du roman Le retour du professeur de danse et j'avais senti l'appel. En l'espace de quelques mois, j'ai tout lu Mankell, sauf, étrangement, Le retour du professeur de danse. J'ai eu, comme ont dit, une écoeurantite aigue. Depuis, je fais attention et même quand j'adore un auteur, je ne lis pas toute sa bibliographie d'un coup. J'y vais à petite dose. Voilà pourquoi je n’ai pas tout lu Musso, ni Dumas, ni Indridasson…J’ai appris de mes erreurs.

Ne vous l’avais-je pas dit que lire, ça change une vie?



dimanche 14 avril 2013

L’amitié au temps des réseaux sociaux

J’avais un ami. Il ne l'est plus maintenant et suite à notre rupture, je l'ai enlevé de ma liste d'amis Facebook. Je me relis et une partie de moi crie : « Big deal la grande, v’la  trente cennes, va donc t’acheter une vie », mais en même temps, je ne peux m’empêcher de me demander pourquoi ça me semble si étrange. Si déplaisant quand j’en parle avec des amis qui, eux, sont encore « amis » avec lui / elle sur le populaire réseau social… J'aurais presque envie de leur demander de l'enlever aussi, mais je ne n'ai aucun argument. C'est d'une telle puérilité que s'en est gênant. On se croirait dans la cour d'école, au primaire. Et c'est là que ça me frappe: est-ce que ça a une réelle valeur, l’amitié Facebook?

Et si ça en avait une? À partir de combien de « J’aime » devient-on des best-friend-for-ever? À partir de quand « stalker » les photos d’une personne cesse d’être du voyeurisme pour devenir de l’admiration? Si 15 personnes me souhaitent « bonne fête » sur mon mur Facebook, mais que 6 personnes viennent à ma fête réelle, comment dois-je juger mes 9 amis Facebook qui n’étaient pas là? Et pourquoi est-ce qu’on s’obstine autant que ça avec de parfait inconnu sur des sujets qui finalement, ne nous empêchent pas de dormir? Ça te fait chier de ne pas savoir qui sera là au Festival d’été de Québec? Tu penses que tel invité d’Un souper presque parfait ne sait pas vivre?  Pourquoi alors est-ce qu’une partie de moi à envie de t’obstiner? Pour te faire comprendre quelque chose? Pour que tu sois de mon bord? Ou juste parce qu’ainsi, ça prouve que j’ai raison? Pourquoi quand j’écris un statut que je trouve drôle / intriguant / triste / beau / qui demande une réponse et que personne ne me réponds, j’ai l’impression d’avoir raté quelque chose? Pourquoi les gens qui "like" leur propre statut me semble si pathétique? Qui suis-je pour les juger, après tout? Notre personnalité Facebook a-t-elle une valeur? On sait que la majorité des gens n'y présentent que le meilleur d'eux-même; sommes-nous devenus des caricatures?

Et je n’entrerais pas dans le sujet des " publier ce petit chaton sur votre mur et sauver un orphelin du Malawi atteint du cancer " ou le sujet de "toutes les choses que les gens font sur Facebook qui n'ont pas d'allure", car là, je sens que je vais me fâcher.

J’ai enlevé des gens sur Facebook, car je suis une grande sensible. Je n’aime pas la chicane, j’aime ça vivre dans un monde de Cotonelle et si on pouvait tous être heureux et en amour je serais aux petits oiseaux. Dans mon monde idéal, on ferait des "cuddle puddle" au bureau pendant les pauses. Tsais.  Mais il y a des gens qui me tapent royalement sur les nerfs, il y a des gens avec qui je ne peux pas m’empêcher de m’obstiner et il y a des gens qui m’ont fait de la peine. Et, bien que je ne sois pas fière de cela, j’ai plus de faciliter à dire ce que je pense dans un monde virtuel que dans un monde réel. Appeler une personne pour lui lancer ce qu'on appel "un char de marde", peu pour moi. Et si je n'ai pas toujours été poli dans les messages que j'ai envoyés dans le monde virtuel, je sais que mes paroles auraient été bien pires. Pour une fois que les écrits reste alors que la parole s'envole, pourquoi me gèner?

Alors j’enlève des gens de mon Facebook, pour ne pas, un jour que je serais : pompette / spm / déprimé / inspiré, leur péter une coche. Je les protège ainsi de ma furie, de mon désir de justice et de respect mutuel. Car à mes yeux, garder une rancune contre un ami, mais ne jamais lui en glisser un mot, ce n'est pas une marque de respect. Je suis comme un homme: on va se le dire, on va se tapocher et après on prendra une bière et on écoutera le hockey en se grattant la poche. Mais je suis une femme et ça ne se passe jamais ainsi. Je veux tout faire pour éviter les mélodrames, mais paradoxalement, j'en créé. Alors j'enlève les gens de mon Facebook. Bien que je vive dans un monde féérique et parfois imaginaire, j'apprends de mes erreurs. J'évite maintenant les règlements de compte sur Facebook.

Car pour en avoir vécu, je sais qu’une tragédie Facebook, c’est pire que du Shakespeare. Et c’est souvent très mal écrit.