lundi 15 avril 2013

Lire sauve des vies

Sur le boulevard René-Lévesque, à Québec, un libraire inspiré a installé un panneau publicitaire pour le moins surprenant devant sa boutique. On y lit :«Lire fait pousser les cheveux». C'est d'ailleurs pour cela que j'ai les cheveux longs.

J'aimerais présenter ici des livres qui ont changés ma vie. Il s'agit rarement de grand changement; bon, il est vrai que j'ai voulu devenir un homme et revenir dans le temps, directement dans les années 1950 après ma lecture de Sur la route de Jack Kerouac...C’est que souvent notre vie change sans que l'on ne s'en aperçoive. C'est après, quand la même situation se reproduit et qu'on ne réagit pas de la même façon, qu'on réalise qu'il y a eu un changement. On a grandit, on a évolué, on a appris.

J'aime lire. J'ai appris à marcher avec un livre dans la main (je me tenais au livre). Quand je ne sais plus quoi lire, je deviens angoissée. J'ai toujours un livre avec moi, dans mon sac. Même si je sais que je ne lirais pas. Ça m'en prend un. Je fantasme sur les bibliothèques, celles en bois qui sentent la poussière et qui contiennent plus de livres que j'en lirais dans ma vie. Quand je vais chez quelqu'un, je ne fouille pas dans la salle de bain: je regarde sa bibliothèque. Et je juge, un peu. J'ai déjà perdu tout respect envers une amie, car elle achetait des livres, mais ne les lisait pas. Ce n'était pour elle qu'un élément de décor. Je l'avoue, notre amitié ne tenait plus à grand-chose, à ce moment. Elle a fini dret là.

Petite, j'allais à la bibliothèque de mon quartier prendre des livres et je CAPOTAIS: tous ces livres sont à moi? Pour 3 semaines? Quelle invention géniale! Fabuleuse! Je voulais devenir bibliothécaire: pour moi, c'était le plus beau métier du monde. Le père Noël pouvait bien aller se perdre dans les  îles Mouc-Mouc, pour se que j'en avais à faire. J'ai travaillé dans des librairies: j'en garde de beaux souvenirs. Quand je parle d'un livre que j'ai aimé, je me mets à pleurer. Et je n'entre que rarement dans une librairie, car il m'est difficile d'en ressortir les mains vides. Je suis comme Angelina Jolie quand elle entre dans un orphelinat: je voudrais tous les adoptés.

Je parle peu de moi: je parle des livres que j'ai lus. Je les regarde avec tendresse et un de mes petits plaisir est de faire le ménage de ma bibliothèque. Je les range, je les sens, je me souviens, je promets: oui je te lirais un jour! Mauvaise mère, je ne tiens pas toujours mes promesses.

Voici donc une petite liste: elle n'est pas complète, j'ajouterais des choses au fil de mes lectures. Mais elle présente mes coups de cœur, par catégories; j’y ajoute aussi un petit résumé de mon cru.

-Le livre qui m'a redonné le goût de lire: Les trois mousquetaires, Alexandre Dumas.

Suite à mon DEC en Littérature, je n'avais plus le goût de lire. Les lectures "obligées" du programme m’avaient écœurées, découragées. Nous devions lire un livre par semaine et bien qu'il m'arrive de le faire, j'aime prendre mon temps et lire quand j'en ai le goût. Lire était alors une corvée, une obligation. Ajoutez à cela quelques problèmes personnels et vous avez une fille qui ne veut plus rien savoir. Après mon DEC, donc, je ne voulais plus lire. Tous les livres que je touchais me répugnaient. Je voulais lire des "classiques", du Zola, du Proust, du Camus, du Stendhal, du Gide ...Des livres que je «me devais» avoir lu. Mais je n'en avais pas le goût. Je voulais être emportée, être divertie...Mon ex-copain m'a alors suggéré la lecture de ce livre. "Tu es drôle, lui ais-je dis, c'est un livre pour enfant...et j'ai vu le film, alors...". "Détrompes-toi! M’at-il répondu, le film est médiocre et ce n'est pas pour enfant! C'est le meilleur livre que j'ai lu dans ma vie. Essais-le, tu vas voir." J'ai essayé. Et j'ai poursuivi avec 20 ans après, la suite. J'avais repris goût à la lecture. Depuis, je voue un culte à Alexandre Dumas. Je l'aime d'amour. Je n'ai pas lu toutes ces œuvres (voir: auteur que j'ai trop lu) et je n'ai pas encore lu Proust. Mais je relus ce livre plusieurs fois… Parfois j’en lis des extraits, au hasard. Pour le plaisir.

L'histoire est simple: d'Artagnan, fils de Gasconne, fier pète et plein d'hormones, par à Paris pour devenir mousquetaire du roi. Dans sa poche, une lettre destinée à monsieur de Treville, capitaine des mousquetaires. La lettre a été écrite par son père et on sent que d'Artagnan y tiens. Or, suite à un quiproquo avec un balafré, il se fait voler sa précieuse lettre. Dans son excitation (ai-je mentionné qu'il était Gascon et plein d'hormone?) il se mettra à dos 3 mousquetaires du roi (Athos, Portos et Aramis) avec lesquels il devra combattre en duel. Bien entendu, les choses ne se passeront pas comme prévu et nos quatre comparses deviendront les meilleurs amis du monde. Ajoutez à cela des complots, des bijoux, une vamp tatouée d'une fleur de lys et vous avez une histoire intemporelle et merveilleuse.

-Le livre qui m'a fait voyager: Hypothermie, d'Arnaldur Indridasson

Beaucoup de livres m'ont fait voyager. C'est là le plaisir de lire. Ce livre se déroule en Islande, pays que je rêve de visiter, mais où je n'irais surement jamais: c'est bien trop cher pour mes moyens et j'aime trop dépenser mon argent pour des choses futiles. Sa description des landes islandaises, des lacs et des lieux m’a transporté. J'ai aussi lu La voix, mais ce n'était pas aussi bon. Visiter l'Islande pour presque rien (quand on prend le livre à la bibliothèque) = je me sens riche.

L'inspecteur Erlendur, toujours à la recherche de son frère perdu, enquête sur le suicide d'une femme sans histoire; la meilleure amie de la défunte est persuadée qu'elle ne s'est pas suicidée. Ou, à tout le moins, on l'a aidé. Comment? Et  surtout, pourquoi? Un excellent polar, sombre et beau, aussi cruel que la nature sauvage de l'Islande.

-Le livre que j'ai honte d'aimé: La fille de papier, Guillaume Musso

Je n'ai pas tout lu Musso: je m'en garde un peu. Quand j'étais libraire, je levais le nez sur cet auteur, que je croyais n'être qu'un clone de Marc Lévy. Grosse erreur. J'ai adoré le côté surnaturel qui se dégage du livre et l'explication tout rationnelle qui explique le tout...J'ai aimé le côté sucré, le romantisme, la jolie finale...Mon genre de rêverie. Une fille qui tombe d'un livre! Le fait qu'on me l’a offert ajoute au charme.

Tom Boyd est écrivant. Sa série de roman, la triologie des anges, se vend partout dans le monde et lui vaux d'être riche à craquer. Pourtant, il n'est pas heureux et suite à une peine d’amour, n’est plus capable d’écrire. C'est alors que Billie, l'héroïne de son roman, tombera littéralement de son livre innachevé…

-Le livre qui m'a donné envie d'aimer un Faune: Le dieu dans l'ombre de Megan Lindholm

Je ne reviendrais pas sur ce livre, car j'en ai fais la critique ici , mais ce livre m'a transporté. Le plus beau, c'est que je l'ai offert à une amie et elle l'a aimé. Rien ne me fait plus plaisir de que partager les livres que j'ai aimé. C'est comme de dire "je t'aime" aux gens, sans le côté parfois awkward de la chose.

-Les livre que j'ai détesté: Pig Island, de Mo Hayder et Les guerriers de la nuit, de Graham Masterton

Un doublé! En plus, les deux ont le même genre de finale. Une finale qui fait pouet. J'ai pardonné plus facilement à Mo Hayder qu'à Graham Masterton. Sacré Graham! Ça doit bien faire 15 ans que j'ai lu ton livre et je t'en veux encore.

Pig Island, donc, est l'histoire d'une île perdue, près de l'Écosse, que les gens du coin croient habitée par un démon. Un journaliste ira pour en avoir le cœur net. La fin est horrible. Je l'ai jeté dans le mur de toutes mes forces quand je l'ai fini. Et ce n’est pas horrible dans le sens «horrifiant» : c’est horrible car je me suis accroché malgré l’histoire sans queue ni tête et tout ça pour une fin mauvaise et maladroite. En fait, l'île est habitée par une secte, dirigé par un charlatan. Ce charlatan a une fille dont le jumeau ne s'est jamais développé: résultat, elle a une jambe qui lui sort du dos, faisant comme une queue. Du gros n'importe quoi.

Les guerriers de la nuit: ah! Graham Masterton. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Graham fait dans les 3 S : seins, sang, sexe. Il aime ça le gore, Graham. Adolescente, pleine d'hormones (mais je ne viens pas de Gasconne), j'aimais aussi le gore. Les romans de Graham étaient remplis de scènes d'une violence que je n'ai jamais revue ailleurs et de scènes de parties de fesses avec des femmes aux grosses boules. Systématiquement. Allez savoir pourquoi je ca-po-tais sur lui. Sa série des Guerriers de la nuit me rendait folle: des hommes (et des femmes), handicapés suite à un accident (mais sans lien entres eux) combattent des créatures maléfiques dans les rêves des gens. J'avais lu les deux premiers et n'ayant pas d'argent, j'attendais que le 3e soit libre à la bibliothèque pour le lire. 1 an que ça pris. Une longue année avant de l'avoir dans mes mains. Je commence ma lecture et je capote: des supers-méchant, du sang qui coule par terre tellement il y en a, du bonbon. Mais tout se gâche à la fin...Et l'idylle entre moi et Graham pris fin. Parfois j'ai le goût de relire un de ces romans que j'ai aimé...Mais je le hais trop pour cela. Pensez-y: un an à attendre la finale d'un livre qu'on a aimé. 1 an et une final qui fait pouet. Va chier Graham.

-L'auteur que j'ai trop lu: Henning Mankell.

J'avais le goût de lire du Mankell: j'avais vu la couverture du roman Le retour du professeur de danse et j'avais senti l'appel. En l'espace de quelques mois, j'ai tout lu Mankell, sauf, étrangement, Le retour du professeur de danse. J'ai eu, comme ont dit, une écoeurantite aigue. Depuis, je fais attention et même quand j'adore un auteur, je ne lis pas toute sa bibliographie d'un coup. J'y vais à petite dose. Voilà pourquoi je n’ai pas tout lu Musso, ni Dumas, ni Indridasson…J’ai appris de mes erreurs.

Ne vous l’avais-je pas dit que lire, ça change une vie?



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire