dimanche 14 avril 2013

L’amitié au temps des réseaux sociaux

J’avais un ami. Il ne l'est plus maintenant et suite à notre rupture, je l'ai enlevé de ma liste d'amis Facebook. Je me relis et une partie de moi crie : « Big deal la grande, v’la  trente cennes, va donc t’acheter une vie », mais en même temps, je ne peux m’empêcher de me demander pourquoi ça me semble si étrange. Si déplaisant quand j’en parle avec des amis qui, eux, sont encore « amis » avec lui / elle sur le populaire réseau social… J'aurais presque envie de leur demander de l'enlever aussi, mais je ne n'ai aucun argument. C'est d'une telle puérilité que s'en est gênant. On se croirait dans la cour d'école, au primaire. Et c'est là que ça me frappe: est-ce que ça a une réelle valeur, l’amitié Facebook?

Et si ça en avait une? À partir de combien de « J’aime » devient-on des best-friend-for-ever? À partir de quand « stalker » les photos d’une personne cesse d’être du voyeurisme pour devenir de l’admiration? Si 15 personnes me souhaitent « bonne fête » sur mon mur Facebook, mais que 6 personnes viennent à ma fête réelle, comment dois-je juger mes 9 amis Facebook qui n’étaient pas là? Et pourquoi est-ce qu’on s’obstine autant que ça avec de parfait inconnu sur des sujets qui finalement, ne nous empêchent pas de dormir? Ça te fait chier de ne pas savoir qui sera là au Festival d’été de Québec? Tu penses que tel invité d’Un souper presque parfait ne sait pas vivre?  Pourquoi alors est-ce qu’une partie de moi à envie de t’obstiner? Pour te faire comprendre quelque chose? Pour que tu sois de mon bord? Ou juste parce qu’ainsi, ça prouve que j’ai raison? Pourquoi quand j’écris un statut que je trouve drôle / intriguant / triste / beau / qui demande une réponse et que personne ne me réponds, j’ai l’impression d’avoir raté quelque chose? Pourquoi les gens qui "like" leur propre statut me semble si pathétique? Qui suis-je pour les juger, après tout? Notre personnalité Facebook a-t-elle une valeur? On sait que la majorité des gens n'y présentent que le meilleur d'eux-même; sommes-nous devenus des caricatures?

Et je n’entrerais pas dans le sujet des " publier ce petit chaton sur votre mur et sauver un orphelin du Malawi atteint du cancer " ou le sujet de "toutes les choses que les gens font sur Facebook qui n'ont pas d'allure", car là, je sens que je vais me fâcher.

J’ai enlevé des gens sur Facebook, car je suis une grande sensible. Je n’aime pas la chicane, j’aime ça vivre dans un monde de Cotonelle et si on pouvait tous être heureux et en amour je serais aux petits oiseaux. Dans mon monde idéal, on ferait des "cuddle puddle" au bureau pendant les pauses. Tsais.  Mais il y a des gens qui me tapent royalement sur les nerfs, il y a des gens avec qui je ne peux pas m’empêcher de m’obstiner et il y a des gens qui m’ont fait de la peine. Et, bien que je ne sois pas fière de cela, j’ai plus de faciliter à dire ce que je pense dans un monde virtuel que dans un monde réel. Appeler une personne pour lui lancer ce qu'on appel "un char de marde", peu pour moi. Et si je n'ai pas toujours été poli dans les messages que j'ai envoyés dans le monde virtuel, je sais que mes paroles auraient été bien pires. Pour une fois que les écrits reste alors que la parole s'envole, pourquoi me gèner?

Alors j’enlève des gens de mon Facebook, pour ne pas, un jour que je serais : pompette / spm / déprimé / inspiré, leur péter une coche. Je les protège ainsi de ma furie, de mon désir de justice et de respect mutuel. Car à mes yeux, garder une rancune contre un ami, mais ne jamais lui en glisser un mot, ce n'est pas une marque de respect. Je suis comme un homme: on va se le dire, on va se tapocher et après on prendra une bière et on écoutera le hockey en se grattant la poche. Mais je suis une femme et ça ne se passe jamais ainsi. Je veux tout faire pour éviter les mélodrames, mais paradoxalement, j'en créé. Alors j'enlève les gens de mon Facebook. Bien que je vive dans un monde féérique et parfois imaginaire, j'apprends de mes erreurs. J'évite maintenant les règlements de compte sur Facebook.

Car pour en avoir vécu, je sais qu’une tragédie Facebook, c’est pire que du Shakespeare. Et c’est souvent très mal écrit.

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