mardi 30 novembre 2010

Sauver l'humanité du péril



Compte-rendu des Gestionnaires de l'Apocalypse de Jean-Jacques Pelletier

J'adore les romans policier et les romans d'horreur, gore, à la Patrick Sénécal et Graham Masterton. J'aime quand ça se tire dessus, quand il y a des conspirations internationales qui mettent l'humanité en péril et j'aime quand les corps explosent dans tous les sens. J'aime quand les bons gagnent à la fin, mais j'aime encore plus quand il y a des dommages collatéraux et que des bons meurent dans l'exercice de leur fonction (qui est d'être du bon côté de la force et de sauver les autres à tort de se sauver eux-mêmes). Des livres policer (et d'horreur), j'en ai lu une tonne avec les années. Je suis devenue hyper critique, difficile et vachement chialeuse. Violente même. La preuve? Le roman "Pig Island" de Mo Hayder, je l'ai lancé sur le mur quand je l'ai fini. Mauvais, mauvais, mauvais. C'est dire si j'attendais la conclusion des Gestionnaires de l'Apocalypse de Jean-Jacques Pelletier avec une tonne de briques et de fanaux. J'étais prête à l'encenser et lui faire construire une statue ou à le renier et à lui jeter des mauvais sorts à l'aide d'une poupée vaudou. Finalement, tout est bien qui finit bien: j'ai a-do-ré La faim de la terre 1 et 2. Mais revenons un peu en arrière.
Les Gestionnaires de l'Apocalypse est une fresque extrêmement ambitieuse écrite par Jean-Jacques Pelletier, un professeur de philosophie du Cégep Lévis-Lauzon. La série compte 10 livres, soit:
-L'homme trafiqué, premier de la série qui relate les débuts de F., directrice de l'Institut qui-combat-les-méchants.

-La femme trop tard, l'histoire de Claudia, agente de l'Institut elle aussi

-Blunt, les treize derniers jours, aussi un agent de l'Institut.

Ces trois livres sont en quelque sorte des préludes de l'histoire qui suit. Vous pouvez les lire avant, après ou jamais. Ils sont utiles à la compréhension de l'histoire, mais pas essentiels.
Ensuite, la série à proprement dite:

-La chair disparue
-L'argent du monde (2 tomes)

-Le bien des autres (2 tomes)

-La faim de la terre (2 tome)
Qu'est-ce que ça raconte? Dans le monde d'aujourd'hui, une organisation internationale (mais basée au Québec) nommée le Consortium, veut organiser la nationalisation des mafias internationales. Pourquoi? Pour faire de la gestion du crime une PME. Le Consortium met à leur disposition: vente d'organe et prostitution (réseau nommé Body Shop), de drogue (Candy Shop), de blanchissement d'argent (Safe Heaven), etc. De l’autre côté de la force se démène l’Institut, avec à sa tête F., femme énigmatique et flegmatique, Jean-Paul Hurt, inspecteur aux personnalités multiples, Blunt, joueur de Go et bien d’autres… Mais chez Jean-Jacques Pelletier rien n’est jamais simple et chaque roman amène son lot de surprise et de rebondissement, jusqu’au dénouement final…Qui ne m’a honnêtement pas déçu.
Les points forts sont que les situations, malgré leur côté souvent improbables et invraisemblables sont tellement bien présentées qu’on y croit sans hésiter. Que la série se passe au Québec aussi permet à l’auteur d’égratigner au passage les médias (et la radio-poubelle) et de traiter de la protection de l’environnement sans jamais être moralisateur…et de vous amener à êtres très, très paranoïaque. On y croit, on a peur et on voit après la lecture des conspirations partout. Le tout est servi avec beaucoup d’humour noir et l’auteur ne tombe jamais, jamais dans la facilité, ce qui lui vaut toute mon admiration.
Ses points faibles sont sa longueur, qui peut en décourager plus d’un et qu’il y ait tant de personnages. Certains d'entres eux disparaissent trop vite et laissent derrière eux plus de questions que de réponses (je pense surtout à Ute Breytenbach). Tant de personnages aussi demandent une excellente mémoire…et une bonne capacité de lecture. Tenez vous le pour dit : ce n’est pas un livre à commencer sur une plage de Cuba : vous aurez besoin de toute votre concentration pour suivre le récit et pour vous rappeler qui est qui, qui fait quoi, etc. Mais l’effort en vaut la lecture, croyez moi.
Les Gestionnaires de l'Apocalypse est une série à conseiller à ceux qui croit aux conspirations internationales, qui aiment les romans d'espionnages et les descriptions bien juteuses de corps qui giclent et qui se brisent...Mais pas à ceux qui aiment les lectures « légères ».
Jean-Jacques, je vais te la construire ta statue.

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